mardi 17 avril 2007

Yangshuo - Shanghai

Journée d’hier bien ensoleillée et chargée - celle d’aujourd’hui bien mouillée… et moins passionnante.

Retour sur hier donc : on était encore à Yangshuo. Réveil matinal pour Joe qui a eu le temps de voir la brume se lever sur le bled et les montagnes depuis le balcon de notre chambre – j’ai personnellement attendu que le soleil perce la brume avant d’ouvrir un œil. Petit déj’ consistant dans un des innombrables cafés de la rue Ouest : il faut avoir la forme, on s’apprête à louer des vélos et se perdre dans la campagne. C’est que la ville n’est que moyennement attrayante : un grand marché à ciel ouvert, mais orienté touristes à fond. Touristes qui ne manquent pas d’ailleurs, occidentaux comme asiatiques, déversés par les bateaux descendant la rivière Li. Ca fait bizarre de se faire rabattre vers hôtels, restaus et surtout boutiques de babioles après avoir passé du temps dans une ville aussi peu touristique que Canton par exemple. Côté architecture par contre, la ville est plutôt sympa : pas (encore) de trop grands immeubles, pas de vieux quartiers non plus, mais des rues « vielles neuves », c’est-à-dire des immeubles moyennement récents avec un petit caractère chinois (toiture, fenêtres…).

Petit déj’ avalé, on enfourche nos montures – on achète de l’eau aussi : il fait extrêmement chaud, trente degrés ou plus et le soleil tape franchement. Et on respecte à la lettre le programme prévu : on se perd complètement dans la campagne environnant Yangshuo. C’est superbe : rizières et potagers sur fond de montagnes verdoyantes, avec de temps à autre la rivière Li qui nous fait coucou. On entre dans la Chine rurale : les paysans vont au champ accompagnés de leurs buffles, et labourent, binent, défrichent. On échange des sourires et quelques « ni hao » / « hello » sympathiques. On pousse même parfois la conversation : « Fuli ? » avec le bras tendu dans une direction ou une autre – Fuli, c’est le bled qu’on cherche à atteindre car, non, notre but n’était pas uniquement de nous perdre… Et finalement, de petits chemins en demi-tours, de sourires en grands mouvements de bras, on tombera sur l’embarcadère d’où l’on peut traverser la rivière pour atteindre Fuli. Bled qui n’a d’intérêt que la balade qui y mène – et le marché paraît-il mais il n’a pas lieu aujourd’hui. Donc bled sans intérêt aucun, où l’on a failli être victime en plus d’une arnaque à touriste : il faut payer pour… avoir le droit de passer dans la rue longeant la rivière ! Comme on avait déjà eu de très belles vues sur le coin, on a refusé l’arnaque et on a pris tout simplement la rue parallèle pour rejoindre la route principale, et hop, back to Yangshuo, par la voie directe cette fois.

A l’arrivée, fourbus moulus après quatre heures de pédalage en plein cagnard, on prend le temps d’une bonne bière / d’un bon « yoghourt shake » bien frais avant de reprendre le bus pour Guilin.

On retrouve nos sacs et une chambre à l’hôtel – et l’ambiance de folie qu’il y avait déjà samedi : marché de nuit, spectacles, bref, du bruit du bruit et encore du bruit. Tiens à la campagne, on a entendu les oiseaux…

Aujourd’hui, journée de transit : Guilin Shanghai. Lever à 6h30 ; bus, navette, avion, bus, métro ; arrivée à l’hôtel à 17h30. Et guère le temps même de bouquiner entre les deux.
Il tombe des trombes d’eau à Shanghai ; du coup, la première impression de la ville n’est pas la meilleure : gris, brouillon, bruyant… Et oui, bruyant, bruyant et encore bruyant – une caractéristique de toute la Chine il semblerait. Pour donner une idée, il n’y a jamais un instant où on n’entendrait rien qu’un simple bruit de fond, il y a toujours quelque chose pour le couvrir : dans l’avion, il y a eu de la musique diffusée dans les haut-parleurs pendant tout le trajet, dans le bus, la télé hurle et abreuve les clients d’images et de sons ce qui couvre les annonces des stations ou autres commentaires que la vendeuse de tickets beugle dans son micro… Notre hôtel est situé dans une rue calme, mais on entend au loin un concert de klaxons.

On entend surtout tomber la pluie sans discontinuer, ce qui nous désespère quelque peu (mais qui nous aidera peut-être à fixer notre planning et choisir entre deux ou trois jours à passer ici !). On bouquine avant de sortir dîner. Et on tombe sur des passages très intéressants – j’aime beaucoup celui-ci :

« Il est facile d’énoncer ce que la Chine n’est pas. Ce n’est pas une horde de travailleurs ou de paysans frénétiques hurlant des slogans fanatiques. Ce n’est pas un pays très politisé – les gens commencent à bâiller à la mention de Mao. Ce n’est pas un pays particulièrement bien construit, à dire vrai j’y ai vu les immeubles les plus mal bâtis qu’on puisse imaginer. Ce n’est pas un pays avec de jolies villes – et une bonne partie de la campagne est en miettes ou rasée. La Chine n’est ni très organisée, ni très calme, ni très démocratique. Elle n’est plus ce qu’elle a été – surtout à Canton, c’est évident.

Mais dire ce qu’est la Chine est moins aisé. Peut-être y avait-il un indice d’espoir dans sa complexité, mais j’enrageais de rester assis à regarder tomber la pluie cantonaise sans trouver de signification à tout ça. »

Paul Theroux « La Chine à petite vapeur » 1986.

1 commentaire:

Coralie a dit…

Héhé, je ne suis pas étonnée qu'avec Fred y a plus de texte que d'image, mais c'est très agréable à lire! Tu écris très bien...
Bises, co